mercredi, septembre 14, 2005

Moore donne sons avis...

Voici une lettre ouverte que Michael Moore a envoyé au "Président Cow Boy" après le désastre qui s'est produit a la Nouvelle Orléans. Personnelement J'ADORE!
Cher Monsieur Bush,

Où sont tous vos hélicoptères? En avez-vous la moindre idée? Nous en sommes au cinquième jour du cataclysme Katrina et des milliers de personnes sont toujours coincées en Nouvelle-Orléans. Bordel, où avez-vous bien pu égarer tous vos hélicos militaires? Vous avez besoin d'aide, pour les retrouver? Une fois, j'ai perdu ma bagnole dans un parking Sears. Eh ben, mec, quelle histoire ça a été!

Ah, et puis aussi, tous les soldats de notre garde nationale, vous savez où ils sont passés? On pourrait vraiment les utiliser, là, tout de suite, pour le genre de choses qu'ils se sont engagés à faire, style «contribuer à des opérations de secours en cas de catastrophe nationale». Comment se fait-il qu'ils n'étaient pas là, pour commencer?

Jeudi passé, j'étais dans le sud de la Floride. J'étais assis, dehors, quand l'il du cyclone Katrina m'est passé au-dessus de la tronche. Ce n'était encore qu'un cyclone de force 1, mais ça a été déjà assez dur. Il y a eu onze morts et encore aujourd'hui, certains foyers n'avaient toujours pas d'électricité. Ce soir-là, le présentateur de la météo a dit que ce cyclone se dirigeait vers la Nouvelle-Orléans. Or, ça, c'était quand même jeudi passé! Personne ne vous a rien dit? Je sais bien que vous ne vouliez interrompre vos vacances sous aucun prétexte et je sais aussi que vous n'aimez pas les mauvaises nouvelles. Et puis, en plus, vous deviez aller à des ventes de charité et vous aviez des mères de soldats tués en Irak à ignorer et à traîner dans la boue. Une chose est sûre: vous lui avez rivé son clou, à l'autre, là!

J'ai particulièrement apprécié quand, le lendemain du cyclone, au lieu de vous envoler pour la Louisiane, vous êtes allé à San Diego1 faire la fête avec vos potes du business. Ne permettez pas que les gens vous critiquent à cause de ça - après tout, le cyclone était terminé, et qu'est-ce que vous auriez bien pu faire: boucher la brèche dans la digue? Comment? Avec votre doigt?

Et n'écoutez pas ces gens qui, dans les jours à venir, révèleront comment vous avez réduit spécifiquement le budget des militaires du génie de la Nouvelle-Orléans, cet été, pour la troisième année consécutive. Vous n'avez qu'à leur dire que, même si vous n'aviez pas supprimé les budgets d'entretien de ces digues, il n'y aurait pas eu d'ingénieurs du génie pour les réparer, de toute manière, parce que vous aviez un chantier beaucoup plus important à leur proposer: la construction de la démocratie en Irak!

Au troisième jour du désastre, quand vous vous êtes enfin décidé à quitter votre villégiature de vacances, je dois dire que j'ai été ému par la manière dont vous avez demandé au pilote de votre avion privé présidentiel Air Force One de descendre au-dessous des nuages, pour que vous puissiez voir la Nouvelle-Orléans, et que vous puissiez vous faire une idée rapide du désastre. Eh quoi, je sais bien que vous ne pouviez pas vous arrêter, empoigner un porte-voix, monter sur une ruine quelconque et jouer le rôle du commandant en chef... Moi avoir été là-bas. Moi l'avoir fait...

Bien sûr, il va y avoir des gens qui vont essayer de politiser cette tragédie et de l'utiliser contre vous. Laissez simplement vos communicateurs faire de la diversion. Ne répondez à aucune attaque. Même ces maudits scientifiques qui ont prédit que cela arriverait parce que l'eau du Golfe du Mexique ne cesse de se réchauffer et que cela rend inévitable un ouragan comme celui qui vient de se produire. Ignorez-les, eux et toutes leurs poules mouillées du réchauffement planétaire. Il n'y avait rien d'inhabituel dans cet ouragan qui était tellement large que c'est comme si on s'était pris une tornade de force 4 qui se serait étendue de New York jusqu'à Cleveland2.

Non, Monsieur Bush, vous continuez comme si de rien n'était. Après tout, vous n'y êtes pour rien, si 30% de la population de la Nouvelle-Orléans vit au-dessous du seuil de pauvreté et si des dizaines de milliers d'habitants n'avaient pas les moyens de transport qui leur auraient permis de sortir de la ville. Déconnez pas: y sont blacks! J'veux dire, c'est pas comme si ça s'était passé à Kennebunkport3. Vous imaginez: laisser des Blancs sur leur toit, pendant cinq jours? Ne me faites pas rire! La race n'a rien, absolument rien à voir avec cette histoire!

Restez où vous êtes, Monsieur Bush. Contentez-vous de trouver quelques-uns de vos hélicos militaires et envoyez-les là-bas. Facile: vous n'avez qu'à faire comme si les gens de la Nouvelle-Orléans et la côte du Golfe du Mexique se trouvaient du côté de Tikrit.